Rallye de Noël : Mythe ou opportunité ?

Chaque année, à l’approche des fêtes, un terme revient fréquemment dans le monde de l’investissement : le rallye de Noël.

Cette tendance haussière supposée des marchés entre Noël et le Nouvel An intrigue autant qu’elle divise.

Est-ce une réalité mesurable ou une simple légende perpétuée par l’optimisme de fin d’année ?

Pour mieux comprendre ce phénomène et répondre à cette question, commençons par définir ce qu’est réellement le rallye de Noël.

Qu’est-ce que le rallye de Noël ?

Le rallye de fin d’année, contrairement au Père Noël qui arrive toujours le 25 décembre, a un timing un peu moins précis. Généralement observé sur les derniers jours ouvrables de décembre et parfois prolongé jusqu’aux premiers jours de janvier, il demeure aussi imprévisible qu’un cadeau surprise sous le sapin.
Une chose est cependant claire : cette période suscite chaque année un certain espoir parmi les investisseurs.

Historiquement, le rallye de Noël s’est révélé particulièrement favorable. Aux États-Unis, le S&P 500 a enregistré une performance moyenne de +1,31 % au mois de décembre depuis 1928, ce qui en fait l’un des mois les plus haussiers de l’année.

En France, le CAC 40 montre également une saisonnalité positive, mais légèrement différente : les gains de décembre (+0,97 % en moyenne) sont souvent précédés par une hausse plus marquée en novembre (+1,45 % sur les 20 dernières années).

Rallye Noel Bourse CAC40

Ces statistiques confirment que cette période est, en moyenne, propice aux investisseurs, même si elle reste loin d’être une certitude.

Pourquoi cette hausse survient-elle ?

Le rallye de Noël résulte d’une combinaison de facteurs psychologiques, techniques et fiscaux.

L’effet calendaire joue un rôle clé dans cette dynamique. À ce stade de l’année, la plupart des entreprises ont déjà publié leurs résultats du troisième trimestre, offrant une visibilité relativement claire sur l’atterrissage annuel des résultats. Avec un risque limité de surprises lors des publications finales, les regards se tournent déjà vers l’année à venir, souvent avec l’espoir qu’elle sera meilleure que celle qui s’achève.

Cette relative stabilité du newsflow, couplée à une période de fêtes marquée par une ambiance festive, favorise un sentiment général de confiance parmi les investisseurs.

Ce climat de confiance, bien qu’alimenté par des facteurs psychologiques, s’accompagne de mécanismes techniques qui renforcent le phénomène.
Les gestionnaires de fonds procèdent fréquemment à des rééquilibrages stratégiques, connus sous le nom de « window dressing ». Ils ajustent leurs portefeuilles en mettant en avant des titres performants pour soigner l’image de leurs résultats auprès des clients, ce qui soutient temporairement les cours de ces actions.

Par ailleurs, les volumes de transactions réduits durant cette période amplifient les mouvements de marché. Avec moins de vendeurs actifs, les hausses de prix peuvent devenir plus marquées.

Enfin, sur le plan fiscal, les investisseurs ont tendance à vendre leurs titres déficitaires pour réduire leur base imposable sur l’année en cours mais reportent souvent la cession de leurs positions gagnantes à l’année suivante, contribuant ainsi à un plus faible flux vendeur et donc à une dynamique du marché plus haussière en fin d’année.

Une opportunité pour les investisseurs ?

Bien que le rallye de Noël puisse offrir des opportunités, il est important de ne pas en exagérer l’importance. Ce phénomène reste principalement technique et temporaire. Pour les investisseurs individuels, cette période peut être l’occasion de profiter des ajustements de portefeuilles réalisés par les grands acteurs du marché.

Certaines actions sous-évaluées ou temporairement délaissées peuvent devenir des opportunités d’achat intéressantes. Les titres ayant particulièrement souffert durant l’année sont parfois sujets à un rattrapage ponctuel, un phénomène que certains surnomment avec humour « la revanche des ânes ». Cependant, il convient de rester sélectif : toutes les entreprises en difficulté ne se transforment pas en opportunités prometteuses. La clé est de privilégier des sociétés solides, dont les perspectives à long terme restent intactes et dont la valorisation devient attractive après une année compliquée. Pour les entreprises médiocres, en revanche, ce rebond éventuel risque d’être éphémère.

Dans la pratique, le rallye de Noël peut aussi se révéler avantageux pour les ventes. En patientant un peu et en laissant les actions d’entreprises destinées à être vendues bénéficier du mouvement haussier, un investisseur peut espérer grappiller quelques pourcents supplémentaires avant de finaliser ses transactions.

Les limites et les risques du rallye de Noël

Bien que le rallye soit un phénomène récurrent, il n’est jamais garanti. Les données montrent que cette tendance se produit environ trois années sur quatre sur les principaux indices, mais des exceptions notables existent. En 2018, par exemple, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont provoqué une chute de -2,7 % du S&P 500 en décembre, annulant toute tentative de rallye. De plus, la faible liquidité qui caractérise cette période, bien qu’elle favorise les hausses, peut également amplifier les baisses en cas de mauvaises nouvelles inattendues.

☝️ Un exemple concret : deux années, deux scénarios opposés

Prenons l’exemple du CAC 40. En 2019, cet indice a grimpé tout au long du mois de décembre, passant de 5700 à 6000 points, soit une progression remarquable de +5,3 %. Cette hausse illustre parfaitement l’euphorie de fin d’année dans un contexte économique favorable. À l’inverse, en 2018, le CAC 40 a perdu près de 300 points en décembre dans un climat d’incertitudes macroéconomiques. Ces deux cas montrent bien que le rallye de Noël peut être influencé par des facteurs externes et qu’il reste imprévisible.

Conclusion : mythe ou réalité ?

Le rallye de Noël est un phénomène statistiquement fondé mais pas systématique. Si vous êtes déjà investi, laissez les marchés jouer en votre faveur tout en restant vigilant. Pour les investisseurs qui ont du cash et cherchent à renforcer leur portefeuille, cette période peut représenter une opportunité d’achat, mais elle ne doit pas détourner de vos objectifs de long terme. Décembre est souvent un bon mois, mais investir en bourse est avant tout une stratégie de marathon, et non de sprint.

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