Stellantis, le constructeur automobile dirigé par Carlos Tavares, traverse une période difficile après avoir émis un avertissement sur ses résultats qui a provoqué une chute de son action de près de 15% à la Bourse de Paris.
Ce désastre boursier remet en question la réputation de l’entreprise, reconnue pour son excellente exécution, acquise au fil des ans grâce à des stratégies efficaces de rationalisation des modèles et d’optimisation des coûts. En 2023, Stellantis avait pourtant connu une grande réussite, affichant une hausse de 59%, avant de voir l’action chuter de 40% en 2024.
La situation s’est détériorée lorsque, dès le printemps, la directrice financière, Natalie Knight, a annoncé un recul significatif de la marge opérationnelle, estimée entre 10% et 11% pour le premier semestre 2024, alors que l’année précédente elle était supérieure à 14%. Les résultats semestriels, qui ont révélé une marge très basse, ont mis en lumière des difficultés d’écoulement des stocks aux États-Unis, inquiétant ainsi les investisseurs.
Lundi, Stellantis a confirmé ses craintes en prévoyant une marge pour 2024 entre 5,5% et 7%, et en s’attendant à un fort manque de liquidités, pouvant aller jusqu’à 10 milliards d’euros.
Ces prévisions ont soulevé des préoccupations chez les analystes quant à la capacité de l’entreprise à maintenir ses dividendes et ses rachats d’actions. UBS a souligné que malgré un bilan solide, l’attractivité de l’allocation du capital a considérablement diminué, remettant en question la stratégie du groupe.
Les problèmes de Stellantis résultent non seulement du marché mondial complexe, mais aussi des ajustements nécessaires pour gérer les niveaux élevés de stocks aux États-Unis. L’entreprise prévoit d’augmenter ses promotions afin de réduire ces surplus, tout en anticipant une baisse des ventes de 200 000 unités au second semestre 2024. Les analystes notent que ces tournures stratégiques sont davantage centrées sur les volumes que sur des remises importantes.
L’avertissement de Stellantis a pris de court les analystes, dont certains, comme Deutsche Bank, avaient déjà anticipé des difficultés. Le bureau indépendant Alphavalue a abaissé son conseil à la vente, reflétant une perte de confiance généralisée après cet avertissement. De même, Oddo BHF a perdu foi en la société, élevant des questions sur la visibilité du management et sa crédibilité auprès des investisseurs.
Pour restaurer sa réputation et regagner la confiance des marchés, Stellantis doit alléger les mesures de production et augmenter les volumes de ventes pour 2025, tout en maintenant des prix compétitifs. Royal Bank of Canada estime que si Stellantis réussit à gérer ses stocks et à rétablir la discipline de prix, son image pourrait être réhabilitée.
Cependant, des doutes persistent concernant la gamme de produits de l’entreprise pour 2025, notamment l’absence de certains segments comme les pick-ups de taille moyenne, tandis qu’UBS anticipe une baisse des prévisions de résultat opérationnel courant. Dans ce contexte incertain, la capacité de Stellantis à retrouver une marge opérationnelle à deux chiffres d’ici 2025 reste en suspens.