L’action de Berkshire Hathaway a chuté de 5,1% lundi, suite à l’annonce surprise du départ de Warren Buffett, l’emblématique investisseur, qui quittera la direction de la société à la fin de l’année. Cette décision a pris de court les investisseurs, d’autant plus que la nouvelle avait été soigneusement gardée secrète, même aux membres du conseil, y compris Greg Abel, son successeur désigné. Buffett, âgé de 94 ans, a été perçu comme l’« oracle d’Omaha », et son départ soulève des préoccupations quant à la capacité d’Abel à maintenir l’héritage de Buffett.
Les investisseurs ont réagi négativement à cette annonce, entraînant la plus forte chute de l’action depuis 2020. Certains experts, comme Holger Zschaepitz, expliquent que ce déclin est compréhensible étant donné le lien étroit entre Buffett et le succès de l’entreprise. Bien qu’il ait reconnu ses erreurs, Buffett a transformé Berkshire, initialement une entreprise textile en faillite, en un géant boursier d’une valeur de plus de 1.100 milliards de dollars. Son approche d’investissement à long terme, illustrée par sa citation célèbre sur la détention d’actions, a marqué les esprits.
Greg Abel, ancien dirigeant de la branche énergie de Berkshire, est maintenant confronté à la difficile tâche de gérer un conglomérat dont la trésorerie atteignait 347,7 milliards de dollars à fin mars. Antoine Peulet, analyste financier, souligne les défis à venir pour Abel, notamment le fait qu’il devra réallouer bien plus de capital que Buffett ne l’a fait pendant sa carrière. Sa capacité à effectuer des choix d’investissement, un domaine dans lequel Buffett avait brillé, est remise en question.
Lors de l’assemblée générale, Abel a été interrogé sur sa stratégie d’allocation du capital, mais ses réponses n’ont pas rassuré les investisseurs. Les inquiétudes portent aussi sur la structure actuelle de Berkshire : sa diversité d’investissements (Apple, Coca-Cola, énergie) est-elle encore pertinente face à la tendance des entreprises à se spécialiser ?
Par ailleurs, la question de la distribution de dividendes se pose également. Berkshire n’a versé un dividende qu’une seule fois, en 1967, et son approche en matière de rachats d’actions a toujours été frugale. Avec le départ de Buffett, certains investisseurs institutionnels pourraient réclamer des changements, notamment la mise en place d’un programme de dividende régulier. Cela entraînerait un changement de dynamique pour une entreprise qui a longtemps privilégié la réinvestissement de ses gains.
Enfin, la notion de « prime Buffett » est remise en question. Les investisseurs se demandent si l’action de Berkshire Hathaway continuera à valoir cette prime lorsque Buffett sera absent. L’avenir de l’entreprise et de ses actions dépendra largement de la manière dont Greg Abel choisira de diriger Berkshire et d’allouer le capital dans un environnement en constante évolution.