Les groupes pétroliers et parapétroliers ont enregistré une baisse à la Bourse de Paris suite à la décision de l’Opep+ d’augmenter considérablement sa production de pétrole. Réunies le week-end dernier, les huit nations membres de l’Opep+ (Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman) ont convenu de produire 411 000 barils par jour pour juin, un volume qui équivaut à trois augmentations mensuelles.
En réaction, les prix du pétrole ont chuté, avec le Brent en baisse de 1,9% et le WTI perdant 2%, atteignant des niveaux bas depuis février 2021. Cette volatilité des cours affecte particulièrement les groupes pétroliers et parapétroliers qui dépendent des prix du brut, mettant sous pression des entreprises comme Technip Energies et Valourec, qui perdent respectivement 3,9% et 2,4%. TotalEnergies, major du CAC 40, limite sa baisse à 0,55%.
Au-delà de cette réaction immédiate, TotalEnergies avait déjà anticipé un marché plus difficile en 2025, notant des perspectives de demande en recul. L’entreprise a également évoqué une nécessité de maintenir un prix du Brent d’au moins 25,4 dollars par baril pour couvrir ses investissements. Cela souligne les défis auxquels le secteur fait face, avec des marges de raffinage et pétrochimiques maintenues à un niveau déprimé.
À l’inverse, les compagnies aériennes bénéficient d’un contexte de baisse des prix du pétrole. Air France-KLM voit ses actions progresser de 2,1%, tandis que Lufthansa monte de 1,8%. Le coût du carburant, qui représente une part significative de leurs dépenses, a diminué, et Air France-KLM a constaté une baisse de 5,6% de cette facture en 2024.
Les experts commentent cette situation comme une « bombe sur le marché pétrolier », la décision surprenant les marchés après une augmentation modeste de production en avril. L’Opep+, qui semble maintenant changer de stratégie pour regagner une part de marché, affirme que les conditions de marché restent saines.
Dans ce contexte, les incertitudes autour des perspectives économiques mondiales, exacerbées par des tensions commerciales, pèsent également sur le marché. Goldman Sachs anticipe une poursuite de l’augmentation de production en juillet, mais met en garde contre des risques de récession qui pourraient influencer les prix à la baisse.
La chute des prix du pétrole pourrait inciter des mouvements stratégiques dans l’industrie. Shell envisagerait une acquisition de BP, bien que cela soit conditionné par une éventuelle baisse supplémentaire des cours du pétrole. Les résultats de BP, récemment dégradés, placent l’entreprise dans une situation vulnérable.
Ainsi, l’actualité pétrolière est marquée par une dynamique complexe où l’augmentation de la production de l’Opep+ crée des défis pour certains secteurs tout en offrant des opportunités à d’autres, tels que le transport aérien, dans un marché encore incertain.