En repoussant ses jeux, Ubisoft inquiète les investisseurs avec des objectifs en baisse.

L’éditeur de jeux vidéo Ubisoft traverse une tempête sur les marchés boursiers, face à des prévisions de stagnation et à une consommation de cash importante. Après avoir averti qu’il ne pourrait probablement pas dégager de croissance pour l’exercice en cours, Ubisoft a décidé de prolonger le temps de développement de ses jeux, en partie grâce à une injection de capital de Tencent qui lui permettra d’avoir plus de temps.

L’action d’Ubisoft, autrefois valorisée à plus de 100 euros en 2018, a plongé pour atteindre moins de 10 euros, avec une capitalisation boursière passant de 11 milliards à 1,2 milliard d’euros. La récente publication des résultats de l’exercer 2024-2025 a amplifié cette chute, avec une baisse de 17,2% de l’action.

Malgré ce contexte difficile, certains résultats sont à noter. Ubisoft a presque atteint ses objectifs en termes de revenus et de résultat opérationnel non-IFRS, avec des « net-bookings » de 1,85 milliard d’euros, légèrement en deçà des prévisions. Le lancement d’Assassin’s Creed Shadows a été un succès critique, contribuant à des « net bookings » record au quatrième trimestre.

Pour la première fois depuis trois ans, Ubisoft a dégagé un flux de trésorerie positif de 127,7 millions d’euros. Cependant, les prévisions futures n’ont pas satisfait les attentes des analystes. Ubisoft anticipe des « net bookings » de 310 millions d’euros pour le trimestre en cours, 13% en dessous du consensus. Pour l’exercice 2025-2026, la société prévoit un « net bookings » stable et un résultat opérationnel proche de l’équilibre, tout en anticipant un flux de trésorerie négatif supérieur à 100 millions d’euros.

Ubisoft justifie cette faible prévision par la nécessité d’allonger le temps de développement de ses jeux, suite aux échecs passés comme celui de « Star Wars Outlaws ». L’éditeur prévoit un catalogue de nouveaux jeux plutôt pauvre, avec notamment « Anno 117: Pax Romana » et un remake de « Prince of Persia: The Sands of Time ». Ubisoft espère une relance pour les exercices 2026-27 et 2027-28 grâce au contenu de ses franchises majeures.

Dans le cadre d’une réorganisation, Ubisoft va créer une filiale regroupant ses franchises phares, avec Tencent prenant 25% de cette nouvelle entité pour 1,16 milliard d’euros. Cela devrait permettre de ramener la dette nette à zéro, apportant ainsi une bouffée d’air frais à l’entreprise, qui fait face à 500 millions d’euros de dettes arrivant à maturité en 2026.

Néanmoins, des défis subsistent, notamment une rentabilité faible, aggravée par une masse salariale disproportionnée par rapport à ses pairs américains. Les analystes notent également un risque lié à la sortie prochaine de GTA 6, qui pourrait affecter négativement les ventes d’Ubisoft.

Face à cette incertitude, TP ICAP Midcap a abaissé sa recommandation sur l’action, passant de « acheter » à « conserver ». Les investisseurs restent donc prudents vis-à-vis du potentiel de croissance d’Ubisoft dans les années à venir.

  • Henri Gilmare henri.gilmare@bourseo.fr https://bourseo.fr