Imaginez une entreprise qui offre gratuitement une technologie valant des milliards. Un actif stratégique, capable de redessiner les contours d’une industrie entière. Pourquoi ferait-elle ça ?
C’est exactement ce qu’a fait Meta, le géant derrière Facebook et Instagram. Alors que ses rivaux verrouillent jalousement leurs modèles d’intelligence artificielle pour les monétiser, Meta a pris tout le monde à contre-pied en ouvrant volontairement sa technologie au monde entier.
Un coup de génie ou une erreur monumentale ? Et surtout… la Chine dans tout ça ?
Aujourd’hui, on vous plonge au cœur de cette partie d’échecs qui façonne la révolution de l’IA en cours.
Qui est réellement en position de force ?
Et surtout, qui pourrait en tirer le plus de valeur en bourse ? 👇
Un pari risqué, mais visionnaire
L’histoire commence en 2022, quand OpenAI dévoile ChatGPT. L’intelligence artificielle entre dans une nouvelle ère et bouscule l’industrie technologique. Meta, qui misait encore sur son projet de métavers, se retrouve prise de court. Pendant qu’OpenAI et Microsoft avancent à marche forcée, Meta accuse un retard stratégique inquiétant.
Plutôt que de tenter de rattraper OpenAI sur son propre terrain, Meta décide de changer les règles du jeu. Elle met en libre accès son IA Llama et adopte une approche radicalement différente : l’open source.
Son raisonnement est simple :
💡 Si des milliers d’ingénieurs et chercheurs améliorent son IA plutôt que de tout développer en interne, les progrès seront plus rapides et les coûts réduits.
Contrairement à OpenAI et Microsoft, Meta ne vend pas d’IA. Son modèle économique repose sur la publicité et l’engagement sur ses plateformes (Facebook, Instagram, WhatsApp).
L’objectif n’est donc pas de monétiser Llama, mais de bénéficier des avancées technologiques issues de l’open source pour intégrer une IA plus performante dans ses services… gratuitement.
Le phénomène DeepSeek : menace ou validation ?
Le pari de Meta commence déjà à produire ses premiers effets. DeepSeek, une start-up chinoise, a utilisé, en partie, la technologie open source de Meta pour construire un modèle d’IA aussi performant que ceux des géants américains… à un coût 30 fois inférieur (du moins, selon elle).
Ce chiffre est contesté par plusieurs experts, mais un fait reste indiscutable : même Sam Altman, le patron de ChatGPT, a salué la prouesse.
Face à cette montée en puissance, Meta a réagi rapidement. Selon le New York Times, l’entreprise a mis en place des « salles de guerre » où ses ingénieurs analysent le modèle de DeepSeek pour en comprendre les optimisations et les intégrer à leur propre IA, Llama.
Plutôt que de voir DeepSeek comme une menace, Meta considère cette avancée comme une validation de sa stratégie open source : en libérant ses technologies, elle accélère l’innovation, y compris celle dont elle pourra profiter.
Open source vs IA propriétaire : qui va gagner ?
Deux visions s’opposent dans la course à l’IA.
D’un côté, OpenAI et Microsoft adoptent une approche fermée, monétisant leur IA à travers des services payants intégrés à l’écosystème Microsoft (notamment via Azure).
Google suit une logique similaire avec Gemini, même si son retard est visible.
De l’autre, Meta parie sur l’open source : elle ne vend pas ses modèles IA, mais cherche à les imposer comme un standard. Plus ils seront utilisés, plus elle gagnera indirectement en puissance, en influence… et en revenus publicitaires en les intégrant dans Facebook et Instagram.
Qui est en position de force ?
Dans des marchés naissants et en très forte croissance, les positions sont toujours mouvantes. OpenAI et Microsoft sont aujourd’hui en tête, grâce à leur avance en matière de monétisation. Google tente de rattraper son retard, même si Gemini peine encore à s’imposer.
Meta, elle, joue une toute autre stratégie. Si l’open source s’impose comme le standard dominant, elle pourrait profiter des avancées IA sans en subir les coûts. Elle capterait ainsi une partie de la valeur créée par la compétition, tout en consolidant son modèle publicitaire.
Quant aux acteurs chinois, leur progression est fulgurante, mais leur dépendance aux semi-conducteurs avancés et aux restrictions américaines pourrait ralentir leur essor. Reste à voir si cela suffira à les freiner.
Et pour l’investisseur, ça change quoi ?
Dans un secteur aussi explosif que l’IA, rien n’est encore figé. Les rapports de force évoluent rapidement, et il est trop tôt pour désigner un vainqueur absolu.
Mais une chose est claire : les entreprises qui captent la valeur de l’IA sans être directement exposées à la course aux meilleurs modèles sont, pour l’instant, les mieux placées.
Et sur ce point, Meta semble être la mieux placée.
C’est une course de fond…
Il est bon de rappeler que les plus grandes réussites boursières ne se sont pas faites du jour au lendemain.
En pleine bulle internet, Google n’était même pas coté en bourse. Il aura fallu attendre 2004 pour son introduction, et pourtant, le parcours de son action depuis a été spectaculaire.
Peter Lynch, l’un des investisseurs les plus performants de l’histoire, expliquait que dans ces grandes tendances, nous avons largement le temps pour nous placer :
« Walmart est entré en bourse en 1970. Vous auriez pu attendre 10 ans avant d’acheter l’action et malgré tout engranger 3 500 % de gains en 14 ans.«
« Microsoft a été introduite en 1986. Trois ans plus tard, en 1989, vous auriez encore pu réaliser 1 000 % de gains en seulement 5 ans.«
L’IA suit une trajectoire similaire. Les véritables gagnants émergeront au fil des années.
Mais une chose est sûre : ce sera l’un des plus grands bouleversements technologiques de notre époque… et les opportunités à saisir seront immenses.